Gisbert Combaz (1869–1941), Projet d’affiche pour le Salon annuel de La Libre Esthétique, 1901, au Musée Moderne, dessin original à l’encre de Chine et crayon sur papier marouflé sur toile. Cette œuvre exceptionnelle est un projet préparatoire de Gisbert Combaz pour l’affiche du Salon de La Libre Esthétique de 1901. Elle incarne avec éclat l’esthétique art nouveau à tendance japonisante qui carac

Lot 191 - Gisbert Combaz (1869–1941), Projet d’affiche pour le Salon annuel de La Libre Esthétique, 1901, au Musée Moderne, dessin original à l’encre de Chine et crayon sur papier marouflé sur toile. Cette œuvre exceptionnelle est un projet préparatoire de Gisbert Combaz pour l’affiche du Salon de La Libre Esthétique de 1901. Elle incarne avec éclat l’esthétique art nouveau à tendance japonisante qui caractérise l’artiste : une élégante stylisée, immobile dans un jardin onirique, entourée de plantes et de fruits décoratifs aux formes épurées, inspirées de la nature mais filtrées par l’imaginaire symboliste. Gisbert Combaz fut l’un des grands représentants de l’Art nouveau en Belgique. Né à Anvers en 1869, il mena une double carrière d’artiste et de professeur (notamment à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles). Juriste de formation, il s’est rapidement tourné vers l’art, où il développa un style personnel marqué par une profonde influence de l’art japonais, qu’il ne se contenta pas d’imiter mais qu’il étudia avec rigueur. Affichiste, illustrateur, décorateur, il est surtout connu pour ses affiches emblématiques des salons de La Libre Esthétique entre 1898 et 1914. Son trait épuré, sa maîtrise des aplats et des compositions verticales évoquent les estampes japonaises, mais aussi les aspirations symbolistes de son époque. Fondée en 1894 à Bruxelles, La Libre Esthétique est l’héritière du cercle Les XX (Les Vingt). C’est un salon annuel d’art contemporain qui joue un rôle crucial dans la diffusion des avant-gardes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Organisée par Octave Maus, écrivain, critique d’art et avocat, l'association réunit les grands noms de l’art belge (Fernand Khnopff, James Ensor, Henry Van de Velde…) et invite également des artistes étrangers tels que Gauguin, Whistler, Vuillard, Redon ou Munch. Les salons de La Libre Esthétique ne se contentent pas d’exposer de la peinture : ils proposent aussi des arts décoratifs, de la sculpture, de la gravure, et reflètent une vision totale de l’art, où l’architecture, le mobilier, les arts graphiques et les livres illustrés sont mis sur un pied d’égalité. Le projet présenté ici pour l’édition 1901 du salon reflète à merveille la démarche de La Libre Esthétique : créer une synthèse des arts, un dialogue entre Orient et Occident, entre nature et artifice, entre beauté décorative et recherche spirituelle. La figure féminine, au centre, incarne à la fois la modernité et la poésie, dans une nature stylisée où les plantes deviennent symboles.